

Caroline Lègue. Qui est-elle ?
Cela fait maintenant 12 ans que Caroline voyage régulièrement en Colombie. S’intéressant au chamanisme pour des raisons personnelles, son chemin l’a conduite à l’âge de 26 ans ( elle en a aujourd’hui 32) a San Agustin, où elle a assisté à ses premières cérémonies avec le taïta Anibal. A sa première prise de « Yagé » (autre nom donné à l’ayahuasca) la quantité fut infime et pourtant cela a représenté, selon elle, son expérience la plus marquante. « Lors de cette cérémonie, je me suis retrouvée connectée aux éléments de la terre, qui sont des consciences, des esprits et le feu m’a parlé » se confie-t-elle. Elle poursuit en expliquant qu’il ne s’agissait pas de mots ou de langage verbal en tant que tel : « c’étaient des crépitements, une connexion sous forme de vibrations, ou plus exactement des informations qui émanaient de la vibration et cette information était conscience ». Son analyse fut que chaque onde vibratoire était conscience, car provenant du vivant. Ce voyage a radicalement modifié sa perception de ce qui l’entourait lui faisant réaliser que tout est conscience, y compris les éléments que nous considérons comme inertes tels que les cailloux et qu’en ce sens chacun d’entre eux englobe le TOUT contribuant à ce que tout existe et soit à sa juste place. Pour Caroline, nous humains, sommes un élément au milieu de tout ça (l’univers) et jouons un rôle de vecteur avec pour mission de « prendre soin ». Cette responsabilité de protéger incombe à tous. La vision qu’elle a eu à travers cette expérience forte a transformé en profondeur le lien qu’elle pouvait entretenir avec tout ce qui l’entoure. Selon ses mots «nous sommes au service de la terre et pas l’inverse. C’est là que se trouve la croissance. Nous sommes tous les gardiens de la terre ».
Lors de cette même cérémonie Caroline nous confie avoir eu une seconde expérience incroyable, « Un voyage au-delà du réel, au-delà de la vie » dans lequel elle s’est retrouvée au cœur de la matrice de l’univers. Elle se souvient : « tout ce qui m’entourait était de la conscience, mais ma conscience était dans la conscience. J’ai compris que nous créons ce qui nous entoure, et simultanément c’est aussi ce qui nous entoure qui nous créé ». Cette interconnexion entre chaque élément du vivant se retrouve au sein de nombreuses philosophies tout comme en physique quantique : nous sommes le tout, mais sans chaque élément quel qu’il soit le tout n’est rien !
« Cette expérience vécue d’être dans l’envers du décor de la matière et en même temps d’être partout à la fois s’est matérialisée à travers une forme d’illusion bien réelle qu’est la matière ».
L’ayahuasca est une médecine ouvrant beaucoup de portes, mais doit s’expérimenter individuellement.


Nathalie Jacaria. Qui est-elle ?
Nathalie est a la base photographe et ancienne journaliste, mais n’avait jamais envisagé de se tourner vers l’ayahuasca avant de participer à sa première cérémonie. Elle avait découvert la Colombie avec bonheur, sous l’impulsion de Caroline.
Elle apprend sur place qu’il s’agit d’une médecine capable de guérir le corps, l’âme, l’esprit, le cœur, le mental. La première séance s’est passée sans aucun effet notoire pour elle à part celui de sentir la plante travailler les zones de son corps nécessitant un soin. A contrario la seconde deux jours plus tard, la propulse dans un monde jusque là hors de sa portée, ou de son entendement.
Le taïta lui avait demandé en préambule d’avoir confiance, mais il lui avait également dit que le chemin vers la sagesse prenait du temps. Environ une demie heure après l’ingestion du breuvage elle nous rapporte que pour l’une des deux seules fois de toutes ses cérémonies passées et à venir, elle eut un effet physique très fort inhérent au voyage. Son cœur se mit à s’accélérer, un canal d’énergie incroyablement puissant la traversa, équivalent d’une activation de kundalini démesurée, puis son corps se déconnecta laissant son esprit jaillir dans ce qui ressemblait au cosmos. « J’ai compris à ce moment-là la place que nous avions dans l’univers . Nous sommes une infime partie du tout, ce tout étant structuré en plusieurs dimensions dont chaque élément est parfait et surtout parfaitement à sa place ». Elle continue en nous décrivant des visions faites de « géométrie sacrée », de « couleurs resplendissantes », où l’espace et le temps n’existent pas.
« Ce que je retiens de ce voyage c’est surtout un sentiment que la 3D dans laquelle nous vivons, qui nous permet de tester et d’apprendre, n’est qu’une infime partie de l’existant ».
Cette médecine permet certes de soigner, mais selon elle c’est surtout un cheminement qui nous amène à accroître notre conscience. Nathalie rajoute qu’il est très difficile de décrire le « yagé », avec la complication ultime pour des européens d’intégrer la notion de conscience alors que nous parlons d’une plante, mais aussi qu’il est quasiment impossible de relater sa propre réalité, alors même que l’expérience inhérente à l’ayahuasca est à la fois unique et différente à chaque cérémonie et propre à chaque individu. S’il est évident que l’ayahuasca « n’est pas pour tout le monde », il n’en demeure pas moins que la théorie est invalide (car non duplicable en laboratoire, modulable, et individuelle) et que seule l’expérimentation vaut.